L’ancienne déesse égyptienne du ciel et comment j’ai utilisé l’astronomie moderne pour explorer son lien avec la Voie lactée.

Que pensaient nos ancêtres lorsqu’ils regardaient le ciel nocturne ? Toutes les cultures attribuaient une signification particulière au Soleil et à la Lune, mais qu’en est-il de la bande nacrée d’ombre et de lumière que nous appelons la Voie lactée ?

Mon étude récente a mis en évidence un lien intrigant entre une déesse égyptienne et la Voie lactée.

Peu à peu, les chercheurs dressent un tableau de l’astronomie égyptienne. Le dieu Sah a été associé aux étoiles de la constellation d’Orion, tandis que la déesse Sopdet a été liée à l’étoile Sirius. Là où nous voyons une charrue (ou la Grande Ourse), les Égyptiens voyaient la patte avant d’un taureau. Mais le nom égyptien de la Voie lactée et sa relation avec la culture égyptienne sont restés longtemps un mystère.

Plusieurs chercheurs ont suggéré que la Voie lactée était liée à Nout, la déesse égyptienne du ciel qui avalait le Soleil lorsqu’il se couchait et lui redonnait naissance lorsqu’il se levait le lendemain. Mais leurs tentatives de faire correspondre les différentes parties du corps de Nout à des sections de la Voie lactée étaient incohérentes entre elles et ne correspondaient pas aux textes égyptiens anciens.

Dans un article publié dans le Journal of Astronomical History and Heritage, j’ai comparé les descriptions de la déesse dans les textes des pyramides, les textes du cercueil et le livre de Nout à des simulations de l’apparence de la Voie lactée dans le ciel nocturne de l’Égypte ancienne.

Gravés sur les murs des pyramides il y a plus de 4 000 ans, les textes des pyramides sont un recueil de formules magiques destinées à faciliter le voyage des rois dans l’au-delà. Peints sur des cercueils quelques centaines d’années après l’âge des pyramides, les Textes sur les cercueils constituent un recueil de formules magiques similaire. Le Livre de Nout décrit le rôle de Nout dans le cycle solaire. Il a été retrouvé dans plusieurs monuments et papyrus, et sa version la plus ancienne remonte à quelque 3 000 ans.

Le Livre de Nout décrit la tête et l’aine de Nout comme étant respectivement l’horizon occidental et l’horizon oriental. Il décrit également comment elle a avalé non seulement le soleil, mais aussi une série d’étoiles dites “décanales” qui auraient été utilisées pour lire l’heure pendant la nuit.

De cette description, j’ai conclu que la tête et l’aine de Nout devaient être verrouillées sur les horizons afin qu’elle puisse donner naissance puis avaler les étoiles décanales au fur et à mesure qu’elles se levaient et se couchaient pendant la nuit. Cela signifiait qu’elle ne pouvait jamais être directement reliée à la Voie lactée, dont les différentes sections se lèvent et se couchent également.

J’ai cependant trouvé un lien possible avec la Voie lactée dans l’orientation des bras de Nout. Le Livre de Nout décrit le bras droit de Nout comme étant au nord-ouest et son bras gauche au sud-est, à un angle de 45 degrés par rapport à son corps. Mes simulations du ciel nocturne égyptien à l’aide des logiciels de planétarium Cartes du Ciel et Stellarium ont révélé que cette orientation était précisément celle de la Voie lactée pendant l’hiver dans l’Égypte ancienne.

La Voie lactée n’est pas une manifestation physique de Nout. Il se peut qu’elle ait été utilisée comme un moyen figuratif de souligner la présence de Nout dans le ciel.

En hiver, elle montre les bras de Nout. En été (lorsque son orientation est inversée de 90 degrés), la Voie lactée dessine sa colonne vertébrale. Nout est souvent représentée sur les peintures murales des tombes et les papyrus funéraires sous les traits d’une femme nue et voûtée, une représentation qui ressemble à l’arc de la Voie lactée.

Cependant, Nout est également représentée dans les textes anciens sous les traits d’une vache, d’un hippopotame et d’un vautour, ce qui souligne ses attributs maternels. Dans le même ordre d’idées, la Voie lactée pourrait être considérée comme soulignant les attributs célestes de Nout.

Les anciens textes égyptiens décrivent également Nout comme une échelle ou comme tendant les bras pour aider à guider les défunts vers le ciel, sur le chemin de l’au-delà. De nombreuses cultures dans le monde, comme les Lakota et les Pawnee en Amérique du Nord et les Quiché Maya en Amérique centrale, considèrent la Voie lactée comme une route des esprits.

Le Livre de Nout décrit également la migration annuelle des oiseaux en Égypte et la relie à la fois au monde souterrain et à Nout. Cette section du Livre de Nout décrit les oiseaux Ba qui volent vers l’Égypte depuis les côtés nord-est et nord-ouest de Nout avant de se transformer en oiseaux ordinaires pour se nourrir dans les marais égyptiens. Les Égyptiens considéraient le Ba, représenté comme un oiseau à tête humaine, comme l’aspect d’une personne qui lui conférait une individualité (semblable, mais pas identique, au concept occidental moderne de l'”âme”).

Les Bas des morts étaient libres de quitter le monde des ténèbres et d’y retourner à leur guise. Nut est souvent représentée debout dans un sycomore, fournissant de la nourriture et de l’eau aux défunts et à leurs Ba.

Là encore, plusieurs cultures des pays baltes et d’Europe du Nord (notamment les Finlandais, les Lituaniens et les Samis) considèrent la Voie lactée comme le chemin qu’empruntent les oiseaux pour migrer avant l’hiver. Bien que ces liens ne prouvent pas l’existence d’un lien entre Nout et la Voie lactée, ils montrent qu’un tel lien placerait confortablement Nout dans la mythologie mondiale de la Voie lactée.

Or Graur ne travaille pas, ne consulte pas, ne possède pas de parts et ne reçoit pas de financement d’une entreprise ou d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a révélé aucune affiliation pertinente en dehors de son poste universitaire.

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